Genius Loci investit la Maison Bernard, chef-d’oeuvre de l’architecture organique des années 1970 signé Antti Lovag, à Théoule-sur-Mer (Alpes-Maritimes).
« Imaginée par Antti Lovag dès la fin des années 1960, au pic de la contestation étudiante et de la remise en cause de tous les conservatismes, la Maison Bernard incarne une utopie d’espace domestique où le corps humain vivrait en parfaite harmonie avec son environnement. En s’affranchissant des codes de l’architecture, la Maison Bernard dessine une forme de modernité inédite : une expérience totale de connexion avec les éléments.
Genius Loci Maison Bernard propose une déambulation active au cœur de cette architecture organique, qui dynamise autant le corps physique que psychique et intensifie notre perception du monde. Les œuvres et installations présentées, dont près de la moitié ont été réalisées pour l’occasion, sont signées de plus de vingt artistes modernes et contemporains, émergents ou confirmés, dont la pratique, les idées ou l’attitude viennent toutes à leur façon célébrer et révéler l’esprit du lieu.
L’espace et la nature, comme sources d’inspiration mais aussi de questionnement de notre rapport à nous-même, à l’Autre et à l’environnement, irriguent les œuvres de la plasticienne Isa Melsheimer, du designer Marcin Rusak, de la céramiste Safia Hijos, de la créatrice Charlotte Chesnais, du duo d’artistes-designers Studio GGSV, tout comme l’installation extérieure réalisée par Samuel Nguyen avec les étudiants de la Villa Arson à l’issue d’un workshop in situ.
La cosmogonie du lieu se révèle, quant à elle, à travers la sculpture mobile de Pol Bury, l’installation en miroir des œuvres de Katinka Bock et de Toni Grand, les sculptures en marbre ou en cristal de David Logan, de Susanna Fritscher et d’Antoine Poncet, les créations de Sabrina Le Bachelier ou de Marion Mailaender, les œuvres nichées dans le jardin de Venia Dimitrakopoulou et de Rachel Robinson, tout comme les installations sonores ou visuelles d’Emma Dusong, de Jérôme Echenoz et d’Yves Gellie. C’est aussi cette énergie cosmique qui nourrit la nouvelle installation Les Rayons de Xavier Veilhan, spécialement réalisée pour la Maison Bernard dans un dialogue avec l’espace et ses infinies variations.
Cette œuvre-monde, devenue terrain d’expérimentations artistiques, nous invite plus que jamais à réfléchir à une nouvelle façon de vivre notre espace intime, d’appréhender notre environnement proche et finalement d’habiter notre planète. »
Marion Vignal, commissaire de l'exposition
Photos : © Courtesy Yves Gellie / © Adrien Dirand
Construite dans les années 1970, la Maison Bernard incarne la rencontre entre deux personnalités libres aux idées novatrices, Antti Lovag et Pierre Bernard, et un paysage : le Massif de l’Estérel et ses roches rouges face à la Méditerranée.
Avec sa prolifération de cellules ovoïdes, la Maison Bernard semble échappée de l’imagination libre et fantasque d’un enfant. Cette construction emblématique de l’avant-garde des années 1970 pourrait n’être qu’un « délire » d’architecte-sculpteur défiant les principes de réalité, c’est tout le contraire. Antti Lovag a conçu un chef-d’œuvre d’harmonie et de fonctionnalité. Pendant dix ans, il a pensé et « vécu » les espaces de vie, calculé les perspectives et les orientations, travaillé les sols en travertin comme des tableaux de marqueterie, conçu et intégré le mobilier, ciselé sa création avec la précision d’un artisan, la rigueur d’un ingénieur et la liberté d’un artiste.
Cet habitat hors normes n’aurait pu voir le jour sans la rencontre d’Antti Lovag avec Pierre Bernard, industriel audacieux qui, séduit par les idées novatrices de l’architecte, lui confie la réalisation de sa maison de vacances à Théoule-sur-Mer. Antti Lovag connaît bien la région pour avoir participé avec l’architecte Jacques Couëlle à la construction de la Cité Marine de Portla-Galère dans les années 1960. C’est dans cette enclave méditerranéenne que la Maison Bernard prend forme au terme de presque dix années de chantier aux techniques artisanales. Le résultat est une architecture expérimentale sans aucun angle droit qui se déploie dans le paysage tel un éloge de la courbe à toutes les échelles. Pour Antti Lovag, rien n’est plus adapté à la morphologie humaine que les formes sphériques. Il rejette les plans classiques, figés, et cherche avant tout à donner de la fonctionnalité aux espaces.
Liés par une amitié indéfectible, Pierre Bernard et l’architecte « habitologue », comme il se définissait, poursuivront leurs aventures constructives en donnant jour quelques kilomètres plus loin au futur « Palais Bulles », ainsi nommé par son acquéreur Pierre Cardin peu après le décès soudain de Pierre Bernard en 1991. Restaurée par ses enfants Isabelle et Jean-Patrice Bernard au début des années 2010, avec la complicité de l’architecte Odile Decq, la Maison Bernard représente l’un des exemples les plus aboutis de l’architecture d’Antti Lovag et de sa conception du bien-être. À l’occasion de la rénovation de la maison, Isabelle Bernard a repensé son jardin et conçu un paysage de cactus et de succulentes, dont la beauté et la géométrie font écho au génie de cette construction organique.
La biographie d’Antti Lovag est ponctuée de multiples voyages et nimbée de mystère. Né en 1920 en Hongrie, il grandit en Finlande et en Suède où il étudie l’architecture navale. En 1939, à 19 ans, il s’engage dans l’armée finlandaise. À partir de 1946, il s’installe à Paris et fréquente des cours d’architecture, d’urbanisme et de cinéma. Il part ensuite dans les Alpes et travaille avec différents architectes à la réalisation de villages de vacances et à la construction de chalets individuels. Au début des années 1960, il s’installe sur la Côte d’Azur et entame une collaboration avec Jacques Couëlle. Les deux hommes travaillent ensemble sur des projets de maisons à Castellaras-le-Neuf, dans les hauteurs de Cannes, puis démarrent la construction de la résidence privée de Port-la-Galère à Théoule-sur-Mer. En marge de l’architecture de leur temps, ces défricheurs s’inscrivent dans un mouvement novateur de prise en compte de l’environnement et d’intégration de l’habitat à la nature. Ils défendent une architecture évolutive et intuitive, adaptée aux besoins de ses occupants.
En 1969, Antti Lovag commence son premier projet résidentiel à Tourrettes-sur-Loup, dans les Alpes-Maritimes. Appelé Maison du Rouréou – ou Maison Gaudet -, sa construction ne sera vraiment achevée que trente ans plus tard. Parallèlement, Antti Lovag démarre le chantier de la Maison Bernard, puis poursuit ses recherches sur l’habitat et le bien-être en édifiant le Palais Bulles, toujours avec la complicité de Pierre Bernard. Entre 1974 et 1979, il construit le Centre d’études et de recherches géodynamiques et astronomiques du Plateau de Calern. Il réalise également la villa Roux à la fin des années 1980 à Fontaines-sur-Saône, près de Lyon. À partir de 2001, l’architecte s’installe dans la maquette à l’échelle trois-quarts qu’il avait construite pour la Maison du Rouréou au cœur de la forêt de Tourrettes-sur-Loup. Il y vivra jusqu’à sa mort en 2014.
Invité par Marion Vignal pour un dialogue inédit entre la danse et l’architecture d’Antti Lovag, le danseur et chorégraphe Némo Flouret conçoit une performance déambulatoire, DANCE PARC: a playground project, avec le soutien de Dance Reflections by Van Cleef & Arpels. Avec cette création, l’artiste poursuit son travail de recherche sur des formes chorégraphiques qui échappent aux cadres conventionnels des lieux de spectacle. L’invitation de la danse contemporaine s’est imposée comme la possibilité de développer un dialogue entre les formes de l’architecture inspirées du corps humain et le corps en mouvement des danseurs. La performance proposera au public une déambulation dans laquelle les danseurs seront tour à tour guides, interprètes et acteurs de l’espace.
Dans la trajectoire chorégraphique de Némo Flouret, « l’extrémité » a toujours été un point de départ crucial pour générer des gestes, des mouvements, des dramaturgies spatiales. DANCE PARC: a playground project est un cache-cache dansé, un jeu de perspectives amenant le public à découvrir les formes sensuelles de la Maison Bernard à travers des corps qui épousent, qui traversent ou qui s’opposent aux détails de l’architecture devenue terrain de jeu.
Némo Flouret construit une pratique chorégraphique in situ depuis plusieurs années. Ses créations traversent des espaces qui ne sont pas a priori destinés à accueillir des corps qui dansent, allant des lieux post-industriels avec la pièce 900 Something Days Spent in the XXth Century, au musée du Louvre avec Forêt, en collaboration avec la danseuse et chorégraphe Anne Teresa De Keersmaeker.
Créé et interprété par Némo Flouret et Guilhem Chatir, Tessa Hall, Philomène Jander, Jean Lemersre, Jean-Baptiste Portier, Solène Wachter.
Production : Margaux Roy
Photos : © César Vayssié
Afin de célébrer la nature et de poursuivre la volonté d’Antti Lovag de faire corps avec l’environnement, Genius Loci s’associe à la Villa Arson (Nice) pour la réalisation d’un workshop exceptionnel dans les jardins de la Maison Bernard, sous la direction de Samuel Nguyen. Diplômé de la Villa Arson en 2022, l’artiste plasticien défend une pratique collective et participative fondée sur la recherche d’une « écologie sociale ». Samuel Nguyen a déjà été l’invité de Genius Loci en juin 2023 pour une carte blanche aux Espaces d’Abraxas de Ricardo Bofill à Noisy Le Grand où il a réalisé des œuvres en dialogue avec les habitants de ces logements sociaux.
Il est le cosignataire avec des étudiants de la Villa Arson d’une installation éphémère intitulée Ctrl + skênê heterôsis, conçue en résonance avec l’esprit du lieu dans une partie du jardin de la Maison Bernard laissée en friche, transformée pour l’occasion en terrain d’expérimentations en écho aux recherches d’Antti Lovag.
Inspirée par les réflexions de l’« habitologue » sur la notion d’espace en symbiose, cette installation évolue dans les interstices de la nature et des interventions humaines en proposant une immersion sensorielle où les limites se dissolvent et s’ébauchent de nouveaux récits. Ctrl + skênê heterôsis se compose de plusieurs environnements inspirés par les principes du mouvement SolarPunk dont Antti Lovag serait, selon ce collectif d’artistes, le précurseur, cherchant un équilibre entre nature et technologie. Cette création visuelle et sonore réalisée in situ se compose de plusieurs installations faites de textiles, ciment, céramique, plexiglas, bois et panneaux solaires. Le tout constitue un écosystème entre artifice et nature en évolution permanente et s’inscrit dans une démarche durable de sa conception à sa réalisation.
Workshop de la Villa Arson organisé avec Genius Loci, sous la direction de Samuel Nguyen, avec la collaboration d’Hélène Blondel, Sarah Cotelle, Silvio Demoro, Igor Gmeline, Juliette Moran, Oh Jieun.
Photos : © Adrien Dirand
Créé par Isabelle et Jean-Patrice Bernard, le Fonds de dotation Maison Bernard a pour objet la protection et la pérennisation de l’oeuvre architecturale d’Antti Lovag réalisée avec Pierre Bernard à Théoule-sur-Mer au cours des années 1970.
Le Fonds de dotation Maison Bernard a aussi pour objet la promotion et l’accessibilité au public de l’oeuvre d’Antti Lovag. Le Fonds de dotation Maison Bernard invite également des artistes pour la création et la réalisation d’oeuvres originales en adéquation avec l’architecture de la maison et son environnement. Les oeuvres sont destinées à être présentées in situ de façon permanente.
Profondément attachée à l’univers de la danse depuis ses débuts, la Maison réaffirme son engagement en sa faveur avec Dance Reflections by Van Cleef & Arpels. Guidé par les valeurs de création, transmission et d’éducation, ce programme a pour mission de soutenir les artistes et les institutions dans la diffusion de l’héritage chorégraphique, tout en encourageant les nouvelles productions. Depuis son lancement en 2020, Dance Reflections by Van Cleef & Arpels a soutenu de nombreuses compagnies de danse pour la création de leurs oeuvres, ainsi que de nombreuses représentations sur la scène internationale. L’initiative est renforcée chaque année par des événements majeurs, tel que le festival Dance Reflections by Van Cleef & Arpels, dont la première édition s’est tenue à Londres en mars 2022. Ce soutien s’étend par ailleurs à des actions de sensibilisation à la culture chorégraphique adressées à tous les publics, professionnels ou amateurs.
MISIA est un éditeur français, créateur d’étoffes prestigieuses, uniques et de grande qualité.
MISIA puise dans l’univers libre et avant-gardiste du début du siècle dernier, joyeux, créatif, audacieux, glamour et raffiné pour le réinterpréter de façon résolument moderne.
Née d’un voyage, ou d’une aventure artistique, culturelle, chaque collection offre une nouvelle expérience émotionnelle et sensorielle à toutes les personnes influentes du monde de la décoration.
Depuis 1997, la galerie Jacques Lacoste s’attache à la redécouverte et à la promotion des arts décoratifs du XXème siècle, avec une prédilection pour les créations françaises des années 1930 et 1950. Jacques Lacoste est reconnu pour son expertise à l’international et membre de la Compagnie
Nationale des Experts. Soucieux de l’authenticité des objets et luttant contre les faussaires, il s’est donné pour objectif de ne présenter que des pièces dont la traçabilité est irréprochable (le plus souvent en provenance des familles des commanditaires). Mécène du Musée des Arts Décoratifs de Paris depuis 2018, il est aujourd’hui un acteur majeur parmi les grands antiquaires internationaux.
Référence incontournable pour la connaissance de l’oeuvre de Jean Royère, Jacques Lacoste met également en lumière le travail du maître verrier Max Ingrand et des sculpteurs Alberto et Diego Giacometti. Avec l’acquisition auprès de la famille de l’artiste du fonds d’atelier du sculpteur Antoine Poncet (1928-2022), la Galerie Jacques Lacoste enrichit son approche de la création du XXème siècle.
Fondée en 2010, la Fondation Almayuda accompagne des projets dans les domaines de la culture, de la solidarité et de l’environnement, oeuvrant pour la formation et l’accès à l’éducation de publics défavorisés. Elle soutient la création contemporaine et favorise des rencontres entre les artistes afin que de nouveaux projets voient le jour. Depuis son siège à Genève, en Suisse, la Fondation Almayuda finance des projets dans le monde entier en travaillant avec des partenaires locaux.
Inaugurée en 1972, la Villa Arson est dès l’origine conçue comme un établissement très innovant répondant à plusieurs fonctions essentielles et complémentaires en faveur de la création : enseigner, chercher, expérimenter, produire, diffuser. La singularité de la Villa Arson passe également par l’association de ses différents registres d’activité (l’école, la bibliothèque, les expositions, la recherche et les résidences), dont les actions s’entrecroisent et enrichissent les expériences. La Villa Arson accueille environ 230 étudiant·es. L’école propose un unique département en Arts couvrant un large spectre de disciplines et de pratiques. Un programme d’expositions largement ouvert à l’international et privilégiant la création émergente, vise à mettre en valeur les croisements entre art, recherche, expérimentation et transmission.
Première fondation en France pour l’art moderne et contemporain, la Fondation Maeght est un lieu unique où l’art, l’architecture et la nature dialoguent en parfaite harmonie. Sa collection se déploie dans les jardins de sculptures et les salles en pendant des expositions temporaires. Les artistes phares sont Miró, Calder, Chagall, Giacometti, Richier, Bonnard, Braque, Kelly et bien d’autres.
Courtier en assurance du marché de l’art, Appia Art & Assurance est née de la rencontre entre Edouard Bernard et Hadrien Brissaud. Depuis 2015, les associés fondateurs ont pour ambition de proposer des
solutions d’assurance adaptées aux besoins de leurs clients, particuliers ou professionnels, du monde de l’art : galeries, maisons de ventes aux enchères, antiquaires, restaurateurs, collectionneurs privés, musées et institutions, transporteurs etc. Passionnée par l’art, le monde du vin et celui des voitures de collection, l’équipe d’Appia Art & Assurance propose un service sur mesure à ses assurés et une gestion dédiée. La confidentialité, la réactivité et l’efficacité de son équipe sont à l’origine des liens privilégiés avec ses assurés.
Fondée en 1951 par la mécène américaine Marie Clews pour honorer la mémoire de son mari, le sculpteur Henry Clews, La Napoule Art Foundation soutient la création contemporaine et les échanges culturels par l’organisation de résidences d’artistes. Situé sur la Côte d’Azur en front de mer, le Château de La Napoule, autrefois lieu de retraite du couple, est ainsi devenu un centre international pour les arts. Parmi tous les artistes accueillis en résidence, plusieurs ont été récompensés du prix Goncourt tels que l’écrivain Jean Echenoz en 1999, et du prix Nobel, comme l’écrivain Gao Xinjiang, prix Nobel de littérature en 2000.
Maison Bernard, Antti Lovag