L’association Genius Loci s’installe aux Espaces d’Abraxas pour une exposition-événement au cœur de l’ensemble d’habitations réalisé en 1983 par l’architecte catalan Ricardo Bofill, à Noisy-le-Grand,
du 17 au 25 juin 2023.
L’exposition prend la forme d’une carte blanche à l’artiste Samuel Nguyen, talent de la scène émergente. Formé à la Villa Arson, le plasticien a spécialement réalisé pour ce projet un ensemble d’œuvres et d’installations conçues en dialogue avec plusieurs habitants des Espaces d’Abraxas et présentées dans l’Arche, dans un lieu d’exposition temporaire ouvert pour la première fois à cette occasion.
En investissant cette architecture postmoderniste, fragment de ville nouvelle longtemps objet de polémiques, l’association Genius Loci poursuit sa mission de sensibilisation des publics et de dialogue entre les disciplines entamée en 2021 par sa fondatrice, la curatrice Marion Vignal, avec la volonté de (ré)animer le patrimoine architectural oublié ou méconnu en résonance avec la création contemporaine.
Présentée à l’occasion du Festival Regard Neuf 3, l’exposition Genius Loci aux Espaces d’Abraxas est réalisée en partenariat avec Seqens, CDC Habitat social (bailleurs du quartier), L’apes-Action Logement, Ville de Noisy-le-Grand, CAUE93, Ricardo Bofill Taller de Arquitectura, Camillo Gorleri et l’association Au Cœur des Espaces d’Abraxas.
Réalisés par Ricardo Bofill entre 1978 et 1983, Les Espaces d’Abraxas, dans le quartier du Mont d’Est à Noisy-le-Grand, sont composés de trois bâtiments — le Théâtre, l’Arche et le Palacio —, qui regroupent environ 600 logements.
Bofill, fondateur de l’agence d’architecture RBTA (Ricardo Bofill Taller de Arquitectura), imagine ce projet monumental en réponse à un grand plan de construction face à la crise du logement en France, orchestré par le gouvernement socialiste de François Mitterrand. L’enjeu est donc de concevoir des logements abordables et de qualité pour une population en croissance constante.
À travers ce projet, le Catalan affirme que l’on peut construire une unité d’habitations pour des logements sociaux tout en réalisant un travail d’architecte et en s’affranchissant de la standardisation et du fonctionnalisme sans âme. Ses façades architecturales en béton sont ainsi composées de formes archétypales — arcs, frontons, colonnes, temples et amphithéâtres —, qui évoquent notre mémoire culturelle. Dans ce projet, emblématique de son architecture sociale, Ricardo Bofill s’inspire notamment de l’architecte italien de la Renaissance Andrea Palladio, des Français François Mansart et Claude-Nicolas Ledoux, mais aussi de l’architecte du modernisme catalan Antoni Gaudi.
Ricardo Bofill imagine cette unité d’habitations comme une « cité idéale », lieu où les gens pourraient vivre, travailler et socialiser dans un environnement conçu pour favoriser la communauté et la convivialité. La réalisation des Espaces d’Abraxas a cependant suscité autant d’enthousiasme que de critiques. Nombreux sont ceux qui pointent l’enclavement et la froideur des lieux. Menacé de démolition dans les années 2000, l’ensemble est finalement rénové en 2014 avec le concours de Ricardo Bofill et de son agence Taller de Arquitectura (RBTA).
Les Espaces d’Abraxas ont servi de décors à de nombreux films dont À mort l’arbitre de Jean-Pierre Mocky, Brazil de Terry Gilliam ou, plus récemment, le dernier volet de la saga Hunger Games.
Né en 1991 à Rognac, Samuel Nguyen vit et travaille à Marseille. Il a débuté son parcours professionnel en tant que chef cuisinier avant d’entrer à la Villa Arson, à Nice, et de se consacrer à sa pratique artistique. Son travail se veut toujours circonstanciel — soit adapté à un contexte, qu’il s’agisse d’un lieu, d’une histoire ou d’un environnement social. Ses œuvres s’appuient et se développent au contact d’un public. Le travail de Samuel Nguyen a récemment été présenté dans l’exposition collective malléable, aléatoire, à la galerie Andréhn-Schiptjenko, à Paris.